Nail a de nombreux traits en commun avec le rat, outre leur mauvaise vue mais leur bonne ouïe. Doté d'une bonne logique mathématique et rhétorique, ainsi que d'un aspect pratique qui prend souvent le dessus sur son pessimisme et son verre à demi vide, il est curieux et très discret. Mais aussi facilement méfiant, que ce soit face aux compliments, comme aux regards et aux faveurs, et son statut n'arrange rien à cela. Et puis, Nail aime être rat pour leur invisibilité par leur banalité.

  Sa méfiance ne fait heureusement pas tout dans son rapport aux autres. Certes peu à l'aise dans les foules s'il n'est pas sous sa forme animale, il reste un jeune homme au sourire facile, franc et ouvert. Appréciant écouter plus que raconter, il peut pourtant s'avérer peu soucieux des feelings d'autrui, plus souvent pote qu'ami, et particulièrement irritable lorsque la discussion tourne autour de sujets personnels; il ne se sent jamais mieux que lorsqu'il s'oublie lui-même. Pourtant, il garde cette profonde envie de s'ouvrir à quelqu'un, espérer trouver le réconfort dans la confession.

  Mais s'il s'irrite, avant tout, c'est contre lui-même. Que ce soit une difficulté à faire quelque chose de simple, une envie qu'il n'apprécie pas, une incapacité à avoir des projets d'avenir (difficile quand on n'a pas pu se projeter une fois en 20 ans), son absence de persévérance, le tiraillement entre ce qu'il est, et ce qu'il veut être..
  Car Nail, malgré ce dont il se persuade, est toujours hanté par son passé. La haine de son corps d'autrefois se mue en angoisse dès qu'il voit le moindre minuscule bourrelet sur sa peau immaculée, et ses grattements involontaires irritent non sans coïncidence le même parchemin de peau autrefois couvert de cicatrices. Sujet aux dépendances, comme le prouve sa consommation excessive de tabac, de thé et sa dure limitation en alcool, il tend à se rassurer tant là-dedans que dans une certaine routine lui assurant un semblant de stabilité.

  Qu'ajouter ? Le petit rat aime autant la musique que les aliments acides, ses nombreux bracelets, et projette un piercing au téton, un voyage dans un pays inaccessible, ou encore du camping dans le parc d'attraction abandonné malgré la peur qu'il en a.

  Sous un voile épars de cheveux de jais, on trouve deux grands yeux fins, noirs et cernés, lumineux mais bien souvent fatigués, qu'il lui arrive de maquiller d'un trait. Originaire de l'est de la Russie, probablement un demi Coréen, sa peau particulièrement pâle fait ressortir ses lèvres fines et souriantes ainsi que la moindre marque -suçons, morsures, vous gênez pas. Lorsqu'il est nerveux, pensif ou en pleine réflexion, il gratte frénétiquement ses poignets, qui s'en voient rougis. Et ses cheveux raides, qui absorbent toute couleur, s'envolent en une coupe simple mais efficace qui s'appelle "je ne vais au coiffeur qu'une fois par ans". Un charme mystérieux pour certains, une allure nerd pour d'autres, il reste naturel au point de ne prendre soin de lui qu'avec produits éthiques et gels bios. Et pourtant, qu'est-ce qu'il peut fumer !

  Sa démarche, à défaut d'être féline, est vive et discrète, fureteuse, accompagnée de vêtements sombres et près du corps dans une allure bad-boy-punky, et toujours -toujours!- ses timberlands rouges dont il prend tant soin. Des bracelets s'entrechoquent à ses poignets, en cuir ou en perles, et un anneau scintille à son majeur. Du haut de ses 1m70, et ne vous avisez pas de le traiter de nain, il a le corps sec et pas plus de muscles que Travis Barker dans ses jeunes années. Pas un type à se battre, en somme (la baston a un je-ne-sais-quoi de glorieux dont il ne connait pas le goût). Mais même s'il mange comme trois et se tente parfois à la muscu et à la natation, il ne prend pas un gramme !

  Concernant les possibles modifications corporelles, on y trouve un industriel et deux lobes à une oreille, un écarteur de 10, un lobe et un hélix à l'autre, un snakebite droit dont on ne distingue qu'un trou à moitié rebouché car il ne le met plus, un septum dans les grandes occasions (image sale à l'appui). Pour finir, un tatouage (by Fukari) prenant la moitié de sa cuisse gauche.

  [en souligné, les liens!]

Certains diront avec une tristesse hypocrite qu'il est mort jeune. D'autres cracheront sur son suicide en parlant d'une idiotie, de problèmes facilement solvables, de délires de post-adolescent voulant se faire remarquer.

Fils unique d'une russe et d'un père qu'il n'a jamais connu, probablement coréen -"t'façon là-bas, c'est tous les mêmes", disait sa génitrice-, il a grandi dans un HLM minable en banlieue de la capitale française, où sa mère devenue femme de ménage au black avait décidé de crécher pour fuir ses problèmes économiques. Ainsi, s'il parle très bien le français, il masque sa maitrise du russe comme une origine dont il ne veut pas, par souci de discrétion plus que par honte. Un collège, puis un lycée à la Jules Ferry comme on croise à tous les carrefours, pour finir par une faculté de mathématiques plus par souci de facilité que par véritable passion.

Les mots croisés, les sudokus et livres de charades ont longtemps été ses grands amis. Il faut dire que Nail n'a jamais été un grand social, complexant d'abord sur ses origines, puis sur son orientation sexuelle, et enfin sur ses 10 à 30 kgs en trop. S'auto-persuadant qu'il ne pouvait rien y faire, s'enfonçant dans son propre mépris du monde, de l'Homme, des odeurs et de lui-même, il avait fini par complexer sur sa propre existence. Très tôt porté sur les drogues, qui n'arrangèrent en rien sa marginalisation mais surtout son état personnel, il supportait parfois des hallucinations visuelles et auditives, de grosses crises d'angoisses, des noyades dépressives noires et visqueuses.

Ce moment où chaque seconde est une plaie, échanger deux mots avec quelqu'un une angoisse sourde, se lever le matin une obligation douloureuse voire une crise existentielle, croiser un regard une envie de s'enterrer vivant; ce moment où rien ne semble intéressant, où un paysage autrefois tant aimé se trouve laid et sale, où la moindre parcelle de sa peau est détestée, où il n'y a plus de place sur les bras; où le futur n'est pas une réalité possible; ce moment où la mort semble depuis des mois le seul échappatoire, doux et libérateur. Quand ses doigts blancs et boudinés, tremblants et rongés, ont saisi le sachet livide, quand la carte bleue largement dans le négatif a tracé les plus longs rails jamais vus d'une drogue dont le monstre gras et sale qu'étais Nail a déjà oublié le nom.
Une crise cardiaque, même complètement perché, est plus douloureuse qu'il n'y parait. Mais, après, plus rien.

Ou presque.

C'est totalement clean qu'il s'est retrouvé à new-life, perdu, mais sans douter une seule fois être bel et bien mort. Celui qu'il définira après comme un Deadly Sin lui avait paru si imposant. Nail lui avait donné ton prénom comme pseudo, peu inspiré. Mais il avait vu dans cette question sur le physique une manière de recommencer une vie nouvelle sans ce qu'il considérait comme une tare. Longtemps persuadé que son physique disgracieux, que ses kgs en trop étaient la source de tous ses problèmes, il n'avait demandé qu'une chose : être sec. Depuis, pas un pet de graisse ne prend place sur son jeune corps.

Le jeune homme, désormais beau, charmant, attrayant et confiant, n'avait pu choisir le reste : il ferait partie du groupe de la Luxure, en tant que Deadly Dog. Soit. En un an, jamais il n'a failli à sa mission, toujours tant attiré par l'aspect observateur que par cette drôle d'impression d'être un espion en filature. Bien intégré, tant par son métier d'animateur de téléphone rose que par son attitude de gentil toutou envers le Game Master et son Deadly Sin chez qui il vit depuis, quoi, quelques mois, il a pris ses marques et ne s'en sort que mieux socialement.
Encore maintenant, il est persuadé que ce n'est pas sa forme de rat qui l'a changé, mais bien sa propre personnalité qui a défini ce qu'il considère comme son animal-totem, dans lequel il se sent tant à l'aise. Mais contrairement au temps de son arrivée, il commence à comprendre non sans douleur que son physique n'était pas la source de ses problèmes.