Ah ! Quelle magnifique journée !

Hans prit grand soin d'ouvrir les rideaux avant de sortir, malgré les légères protestations de son colocataire. C'est vrai qu'il était rentré plutôt tard – ou tôt, c'est au choix hein – hier. Mais quand il faisait un temps pareil, ce serait assez dommage de ne pas en profiter un tant soit peu ... Et donc, pour sa part, après avoir fait son sac, Hana préféra se diriger en direction du parc. C'était l'un des endroits qu'elle aimait le plus, à New Life. Quoique on puisse en dire, avec tous les gens qui s'y rassemblaient, c'était un endroit plein de vie.

Mais aujourd'hui, Hana ne prévoyait pas bavarder, ni faire un pique-nique. Bon, d'accord, elle avait apporté des tartines, gourmandise oblige, mais ça ne compte pas ! Elle avait trimballé un chevalet sous son bras jusqu'à trouver le coin tranquille idéal, loin de l'aire de jeux, où la lumière se reflétait sur le monde en noir et blanc qui l'entourait. Mais elle savait. Elle avait trouvé des réponses, dans ses livres, sur Internet, du bout des lèvres. Attachant ses cheveux afin qu'ils ne se tachent pas, le regard posé sur l'horizon, cherchant l'inspiration, elle esquissa quelques traits hésitants sur la toile.

Lorsqu'elle fut à peu près satisfaite du résultat, elle sortit ses pots de verre. Son regard glissa sur les étiquettes, sans pourtant trouver ce qu'elle cherchait. Elle fronça les sourcils, repoussant une mèche derrière son oreille, inquiète. Soupir. Elle était pourtant certaine d'avoir tout emporté. Où était passé le orange ? C'était une mauvaise blague ? Était-elle trop concentrée pour avoir remarqué un voleur ? À moins qu'elle l'ait échappé quelque part. Au moins, son goûter était toujours intact !

Bon. Tant pis. C'était sa toile après tout ! Si elle avait envie de peindre des papillons bleus ou violets, personne ne pouvait le lui interdire !

De toute façon, ce n'est pas comme si tout cela avait véritablement de l'importance. Du fin fond de son regard, le résultat serait le même. C'est bien pour cela qu'elle ne conservait jamais ces toiles bien longtemps, même si elle aimait vraiment les peindre. Elles faisaient monter en son cœur un sentiment bien trop amer, un éternel rappel comme une blessure ouverte. Des rires moqueurs étouffés, qui ne sortaient que de son imagination, mais qui reflétaient bien le fond de ses pensées.

À quoi bon ? Tu es brisée, et tu le resteras, toujours.