03h49. C’est l’heure qu’affiche l’horloge de la cuisine lorsque tu rentres enfin chez toi. La soirée avait été longue, plus longue que ce que tu avais prévu en tout cas. Mais bon, c’était le prix à payer pour pouvoir obtenir quelques informations et aussi un peu d’argent. Parce que c’est principalement grâce à ce boulot que tu peux te permettre de rester dans cet appartement. Et pour assurer tes arrières, t’es obligé de trainer dans les bars, dans les boites de nuit, à la recherche de quelques bons pigeons bien fortunés pour leur faire ton petit numéro de charme. Tout ça pour arriver à tes fins.

Quoi qu’il en soit, il est tard, mais ce n’est pas pour autant que tu rentres avec la plus grande des discrétions. Pour supporter la lourdeur et l’haleine de cheval de tes hôtes de ce soir, tu avais pris plus d’alcool que de coutume, et il faut avouer que si on te demandait de marcher sur une ligne blanche, il te faudrait le reste de la nuit pour trouver cette fameuse ligne. Et pas certain que tu te mettes à la chercher sur le sol. Pour dire à quel niveau tu es perché ce soir.

La porte claque, et tu allumes la lumière. Heureusement que ces automatismes-là ne te demandent pas de trop réfléchir, autrement ça serait vraiment galère. Finalement la lumière t’éblouie et tu râles, retournant l’éteindre.

« Fait chier… »

Tu grimaces, marchant à tâtons dans le salon sans trop savoir où tu souhaites aller. Tu bouscules la table, fait tomber quelques bibelots, râle contre un meuble comme s’il était vivant et surtout, surtout, tu peines à rester debout.
Doucement. Il faut que tu te calmes. Il ne s’agirait pas de faire trop de bruit et réveiller tes voisins. Ou même Nail. Tiens d’ailleurs, où est ce qu’il est celui-là ?

« Nail ? Nail tu dors ? »

Tu veux faire en sorte de chuchoter, mais il n’en est rien. Tu parles même de manière très peu discrète. Ne semblant pas entendre de réponse, tu soupires et te dirige nonchalamment vers la cuisine, toujours dans l’obscurité. Tu ouvres le frigo pour chercher quelque chose, toi-même tu ne sais pas ce que tu veux, c’est pour dire. La lumière t’éblouie et tu ne vois rien du tout. Tu râles, et referme fortement la porte, au point de faire tinter les bouteilles entre elles.

Vivement que tu arrives à trouver ton lit, ou tout du moins quelque chose de confortable pour t’allonger, que tu arrêtes de faire des conneries et que l’immeuble puisse dormir en paix.

Le frigo refermé, te voilà de nouveau dans l’obscurité, pour le bien de tes pupilles complétement dilatées. Sérieusement, qui est l’idiot qui a eu la brillante idée de mettre une lumière dans ce truc ? C’est à vous défoncer les yeux pour un rien, sans déconner. Te voilà encore plus agacé, parce que tu n’as pas trouvé ce que tu souhaitais d’une, et de deux tu ne savais pas comment faire pour l’obtenir, l’option du frigo étant la seule qui t’avait traversé l’esprit, et c’était déjà un miracle.

Tu ne l’avais pas entendu arriver, tes sens étant clairement obstrués par l’alcool que tu avais ingurgité ce soir, si bien qu’en sentant ses mains se poser dans ton dos tu avais eu un léger sursaut. Pourtant tu n’avais pas oublié qu’il vivait sous le même toit que toi, tu l’avais même appelé il y a quelques minutes, mais n’ayant pas obtenu de réponse tu avais purement et simplement oublié l’éventualité qu’il soit là. Ses mains glissent le long de ton dos et tu te décides enfin à lui faire face quand il s’arrête au niveau de tes hanches. Tu le fixes dans l’obscurité, et heureusement qu’il fait sombre parce que certainement que ton regard livide ferait peur à voir.

« T’es là… Nail… »

Un petit sourire s’accroche à tes lèvres, lentement, tandis que tu te laisses faire quand il tire sur les bords de ton pull pour te le retirer. Tu lèves les bras pour l’aider et une fois ta tête libérée, tu titubes un peu et te rattrape doucement à lui, posant une main sur son épaule.

« Oula ça tourne… »

Cela dit, tu ris un peu quand il te dit que tu es invivable. C’est vrai ça ? Il le pense vraiment ? Mince alors…

« Tu m’aimes plus ? Hein Nail ? »

Clairement, quand t’es bourré, t’es chiant. Heureusement que c’est pas le cas tous les soirs, pauvre Nail s’il devait te supporter dans cet état un bon nombre de soirs par semaine.
Il t’emmène dans le salon et tu te laisses faire, te laissant même mollement tomber sur le canapé quand il te pousse à le faire. Il te retire ton t-shirt et tu ne peux t’empêcher de rire un peu. Ta peau est déjà parsemée de petites marques rouges, signe que la soirée aura été plus que bénéfique pour toi, tout comme ton client de toute évidence.

Il te dit que tu dormiras sur le canapé, et tu fais la moue, comme un enfant qu’on vient de vexer ou de priver de son jouet.

« C’est même pas vrai d’abord. J’ai pris une douche ! ... »

Il t’abandonne alors et tu le suis du regard. Du moins jusqu’à ce qu’il disparaisse dans l’entrée de l’appartement. Un soupire t’échappe alors et tu laisses ton dos retomber lourdement contre le dossier du canapé, ta tête tombant doucement sur le côté. Tu n’y vois pas grand-chose, si ce n’est quand Nail revient près de toi. Tu le vois poser le verre d’eau sur la table basse avant qu’il ne vienne prendre place sur te cuisses. Et tu as bien vu qu’il était totalement nu. C’est certainement pour ça que tu es venu poser tes mains sur ses cuisses pour les caresser de tes pouces. Parce que Nail, c’est une beauté, et encore plus quand il est nu.

« Tu sais qu’t’es beau Nail ? Genre vraiment… »

Tu lui souris et en sentant ses mains descendre sur ta ceinture pour la défaire, ainsi que tout ce qui allait avec, tu laisses glisser tes mains sur ses hanches pour les agripper doucement.

« Tu veux un câlin ? »

Un petit rire t’échappe alors qu’il rapproche le verre de tes lèvres pour te faire boire. Qu’il est charmant. Tu prends quelques gorgées d’eau avant de venir embrasser doucement ses doigts qui agrippaient le verre comme s’il avait peur qu’il tombe. Tu finis par lui faire descendre doucement ses mains pour pouvoir le regarder et te redresser très lentement pour venir perdre tes lèvres dans son cou.

« Fais-moi un câlin Nail… S’te plait… J’ai eu une soirée de merde… »

Tu as beau être dans un état complétement second, tu ne peux pas ignorer la douceur des caresses que Nail fait subir à ton visage. C’est sûr qu’à côté de ce qu’on t’avait fait subir ce soir, c’était difficilement comparable. Il t’arrivait d’avoir des clients chiants, ou même très exigeants, et tu sais que dans ce milieu le client est roi ou alors tu peux aller te faire voir, mais ce soir, c’était comme si tu avais pris pour toutes les fois où on avait été gentil avec toi. Tu n’avais pas eu une minute de repos et heureusement que le gain n’était pas miséreux, autrement tu aurais en plus de la fatigue, l’impression d’avoir fait tout ça pour rien, et ce serait certainement pire pour ton moral.

Tu avais bu en leur compagnie pour supporter, et pour que leurs paroles te paraissent moins lourdes, moins chiantes. Ce n’était pas une excuse, tu le savais très bien, mais c’était la tienne pour ce soir, parce qu’il en fallait bien une tout de même.

La présence de ton Deadly Dog avait quelque chose d’apaisant ce soir. Si d’habitude votre relation peut parfois facilement monter en tension, ce soir, tu as l’impression que c’est un peu différent. Cela dit, ce n’est peut-être qu’une illusion de ta part, vu l’état dans lequel tu es, tu pourrais croire tout et n’importe quoi sans en être réellement choqué. Reste à voir ce que cela va donner au réveil demain matin. Mais pour l’instant, tu en profites un peu.
Il te câline et toi tu balades tes lèvres sur sa peau. Qu’elle est douce sa peau. Tu ne t’étais jamais fait la remarque jusqu’à maintenant. Il prend alors ton visage entre ses doigts et tu relèves docilement la tête pour poser tes yeux livides sur lui, un sourire un peu niais accroché à tes lèvres tandis qu’il glisses ses mains jusqu’à ton cou, pour finalement se laisser tomber dans tes bras. Tu glisses alors doucement une main dans son dos pour le lui caresser délicatement, n’ayant pas le temps de dire quoi que ce soit qu’il se redresse déjà -ou serait-ce l’alcool qui te fait perdre la notion du temps ?

Ses paroles ont du mal à aller jusqu’à ton cerveau, et il te faut un temps avant d’organiser tes idées pour réussir à répondre. Regretter ? Pas vraiment. Disons que tu fais juste ton boulot.

« C’est toujours… justifié… »

Un petit soupire s’échappent de tes lèvres alors qu’il revient se blottir contre toi. Cette fois tu l’entoure de tes deux bras pour le garder contre toi. Tu ne te rends pas bien compte combien ton corps dégage une forte chaleur corporelle, et tu ne saurais pas dire non plus si Nail a plutôt chaud ou froid contre toi, mais tu le gardes contre toi tout de même, parce que c’est agréable.
Il joue avec tes cheveux, il baille, il s’installe mieux contre toi, et toi tu ne bouges pas d’un pouce. Tu le laisses faire, se mettre à l’aise, de toute manière t’es loin d’avoir envie de le repousser, ni même de bouger alors ça te va plutôt bien.

A sa remarque, tu rouvres un peu les yeux. Heureusement qu’il t’a parlé parce que t’étais prêt à t’endormir comme un idiot dans le canapé. Tu laisses un petit bâillement t’échapper avant de revenir nicher ton visage dans son cou, serrant un peu plus ton étreinte.

« Mh… C’est peut-être mieux d’aller dans le lit… »

Sauf que pour aller dans la chambre, il faut monter. Et ça, c’est pas gagné non plus. Tu ne sais pas quelle heure il est maintenant, à vrai dire tu t’en fiche un peu, mais tu risques de moins t’en foutre quand le réveil va sonner au matin et que tu n’arriveras pas à te lever. C’est encore un coup à se lever à midi passé.

« Viens avec moi… Promis je t’embêterais pas pendant au moins… 2 jours… Ok ? »

Tu frottes doucement ton nez contre son cou, tandis que ta main remonte le long de son dos pour venir caresser doucement sa nuque et les petits cheveux qui s’y trouvent. La seconde quant à elle reste sagement posée dans le creux de ses reins, pour le maintenir contre toi.

Tu es surpris en le sentant se redresser aussi brusquement alors que vous étiez bien installés. Même si c’est toi qui avait fait la proposition de monter dans la chambre, tu ne t’attendais pas à ce qu’il réagisse aussi vite et vu ton état, tu n’es pas en capacité de faire de même. Tu as certainement un regard un peu débile quand tu le fixes maintenant qu’il est debout devant toi, incapable d’avoir une quelconque réaction, pas même de modeler sur ton visage une quelconque expression de surprise. Cette dernière reste intérieure et la neutralité de ton visage te donne certainement un air bête à manger du foin.
Il te prend la main, y pose ses lèvres et si tu avais été un tant soit peu plus sobre, tu te serais surement légèrement moqué de lui, en toute sympathie, taquin comme tu l’es à ton habitude. Mais là non. Tu le regardes juste faire et peut-être qu’un petit sourire orne tes lèvres le temps de quelques secondes, mais si on venait à te le demander tu nierais certainement tout en bloc, ou dirais que tu ne t’en souviens pas, que ce n’est pas important de toute manière, t’étais bourré. Il te parle ensuite, mais tu t’es vraiment trop concentré sur ta réussite à te lever du canapé pour lui répondre ; t’as déjà du mal à te concentrer pour rester debout, alors si en plus tu dois user de la parole…

L’ascension des escaliers fut certainement l’épreuve la plus difficile de toute ta vie. Ou du moins, la plus difficile en n’étant pas sobre. Parce qu’il est clair que dans ton ancienne vie, tout comme dans ta nouvelle mort, tu en as essuyé des difficultés. Disons que l’alcool, ça te met une barre d’obstacle en plus, pour te donner un peu plus de « challenge ». Tu ne sais pas exactement combien de temps il vous aura fallu pour arriver en haut des marches. Tout ce que tu sais, c’est que t’as clairement l’impression d’avoir gravit le Mont-Blanc, et t’as cette petite impression de fierté alors que clairement, y a pas de quoi en faire toute une histoire, dix marches, c’est pas grand-chose.

« Eeeeeh, on a réussi ! On est vraiment trop, trop forts. »

Reste à savoir combien de fois tu vas te prendre la poutre avant de tomber dans ton lit. Parce que même si le plafond n’est pas trop bas, tu as le chic pour te prendre la poutre qui elle est pile à ta taille, quand tu es sobre. Alors dans un état pareil, à voir qui sera K.O. le premier.
En sentant la prise de Nail sur ton poignet qui ne faiblit pas, tu baisses le regard vers ta main et vient saisir le poignet de ton Deadly Dog de ta main libre pour le faire doucement céder.

« T’as peur que je tombe ? On est arrivé tu peux me lâcher. »

Tu ris doucement. T’es vraiment con quand tu t’y mets. Tu relèves un peu les yeux vers lui pour le regarder. Si tu avais été dans ton état normal, peut-être que tu te serais rendu compte que quelque chose n’allait pas. Mais là, non. Tu te contentes de lui reprendre la main pour le guider vers le lit, et parce que t’es vraiment trop con, te prendre la poutre alors que tu l’avais bien vue quelques secondes plus tôt.

« Putain de merde ! »

Tu jures, te laissant lourdement tomber sur le lit avant de poser tes mains sur ta tête et appuyer dessus, comme si ça allait faire passer la douleur. T’as vraiment bel air comme ça, à poil sur le lit, à la limite de la position fœtale, en train de te plaindre comme un enfant. Tu perds toute crédibilité. Pour peu que tu en aies déjà eu.

Poutre : 1 Simba : 0. Et c’est que le résultat d’aujourd’hui, parce que si on devait compter les jours précédents où il n’a pas fait attention à cette poutre, surement trop confiant, le score serait bien plus élevé. Un long râle t’échappe, ainsi qu’un bon nombre d’insultes après la première. Parce qu’il fallait bien extérioriser la douleur un peu, histoire de te sentir mieux même si le mal restait présent tout de même. Tu entends Nail se moquer de toi mais t’as vraiment trop mal pour lui dire quoi que ce soit, tu restes simplement dans la même position, les mains posées sur ta tête comme si ça allait aider à faire passer la douleur.

Il s’approche et te fait écarter les mains pour regarder l’endroit où tu t’étais cogné. Pas de doute sur l’endroit où tu t’étais cogné, puisque tu avais une belle marque rouge, sans compter le fait que tu avais l’impression d’avoir ton cœur au niveau de ton front tellement ton sang affluait à ce niveau. Pour une fois que ton cœur se situerait plus près de ton cerveau que de ton entre jambe, on ne va pas s’en plaindre, hein. Tu le laisses regarder, sans arrêter de te plaindre cela dit. Bah oui, ça ne serait pas toi autrement hein, clairement.

« Eeeeh tu vas où ? »

Il s’en va sans rien te dire et forcément, ça te fait râler. Pourquoi est-ce qu’il s’en va alors que toi tu souffres le martyr ? Il pourrait t’aider au moins ! Tu n’arrêtes pas de chouiner pendant son absence, ne faisant pas réellement attention aux bruits environnant montrant que ton Deadly Dog était en réalité en train de chercher quelque chose pour apaiser ta souffrance. Franchement, quel monstre tu peux être parfois à penser du mal de lui dès qu’il ne rapplique pas pour t’obéir.
Alors quand il revient avec de la crème, même bourré, t’arrive à te sentir un peu mal d’avoir pensé des choses fausses. C’est vrai que rares sont les fois où Nail n’a pas rempli son rôle de Deadly Dog à la perfection, et le peu de fois, c’était clairement pour te faire chier et pas pour autre chose. Même ivre tu t’en rendais bien compte.

Te demandant de tendre le front, tu obéis sagement, levant un peu la tête pour le laisser faire. Une grimace se dessine sur ton visage quand tu sens la crème froide entrer en contact avec ta peau brulante et douloureuse de ton front. Tu chouines même un peu pour manifester ton mécontentement et ta douleur, tel un enfant ayant un gros, gros chagrin. Mais tes plaintes sont rapidement coupées quand il te pousse pour te faire t’allonger et venir à l’assaut de tes lèvres. T’es un peu surpris sur le coup, mais tu n’es pas vraiment en état pour le manifester, t’as pas vraiment envie non plus, faut bien l’avouer.

Il te surplombe et toi tu lui rends ses baisers lentement, presque délicatement à vrai dire. Même ivre, tu n’arrives pas à calmer cette attirance qu’à ton corps pour celui de ton Deadly Dog. Ce n’est certainement pas très professionnel de ta part, de te taper celui que tu héberges, mais tu te console en te disant que jusqu’à preuve du contraire, il ne s’en est jamais plaint… Le temps du baiser, tes mains ont le temps de revenir se perdre contre ses hanches, et tu ne te gênes pas vraiment pour le toucher. Si tu n’étais pas si fatigué de ta soirée, peut être que tu aurais poussé le vice un peu plus loin, mais t’as déjà du mal à garder les yeux ouverts alors réussir à donner du plaisir à Nail… Non. Impossible. Pour ça que tu te contentes de l’embrasser, puis de balader un peu tes lèvres comme tes mains contre sa peau douce et étrangement fraiche. Est-ce qu’il aurait froid ? Tu n’en sais rien, mais dans tous les cas tu es là pour le réchauffer, comme tous les soirs.
Quand il s’écarte finalement pour s’allonger à côté de toi, tu laisses une main se reposer contre son torse que tu caresses lentement du pouce, le regardant les yeux mi-clos, toujours avec ton sourire niais accroché aux lèvres.

« T’as raison… Heureusement que t’es là pour me dire quoi faire, hein… »

Tu ris un peu, comme un idiot, avant de te redresser un peu sur les coudes, et revenir t’installer confortablement contre lui, l’écrasant à moitié pour le câliner, posant ta tête dans le creux de son cou. Ton souffle chaud -et alcoolisé- s’écrase d’ailleurs délicatement contre sa peau tandis que tu respires calmement, laissant des mèches éparses retomber contre ton visage.

« Bonne nuit Nail… Reste avec moi cette nuit… »