Autour d'elle, un ouragan l'engloutissait. Constamment. Partout où elle allait et qu'elle y croisait quelqu'un, celui-ci se mettait à se tordre de douleur sans aucune raison apparente. Au début, elle ne comprenait pas les réactions des gens à son égard. Elle leur faisait peur pour une raison qui lui échappait totalement. Elle était restée seule longtemps, se refermant sur elle-même. Et quand elle finit par comprendre la malédiction qui l'habitait, cela ne s'arrangea pas non plus. Les gens la considérait comme un démon, certains connaissaient son histoire mais la plupart l'ignorait. Apparemment, ici, elle se prénommait la Fille aux Allumettes. Et qu'elle ait connaissance ou pas de son pouvoir, les gens la fuyaient quoi qu'elle fasse. Et cela l’attristait.

Cela faisait longtemps qu'elle errait ici, des années sûrement. La notion de temps s'était envolée. a moins que ce soit elle qui l'ait oubliée. Enfermée dans sa solitude, elle comprit comment maîtriser son mal. Avant, elle était tout le temps en colère et elle avait toujours peur. Et ce sont ces sentiments qu'elle voyait sur le visage de ceux qu'elle rencontrait. Les autres avaient vite fait de comprendre que c'était à cause d'elle que leur coeur se brisait et ils mettaient encore moins de temps pour la fuir. Seulement, maintenant, elle arrivait à... rester calme, disons. Elle avait toujours très peu de contact humain mais elle pouvait désormais vivre en communauté sans que tout le monde lui fuient. En voyant les gens effrayés, elle s'apaisait et eux de même commençaient aussi à s'apaiser. Mais parfois la peur prenait le dessus, et cela finissait mal.

Depuis sa mort, elle était toujours aussi timide, et toujours aussi en colère pour une raison inconnue. Elle savait désormais contrôler ses sentiments et s'en servir à son avantage. Mais les autres ne comprenaient pas, ils pensaient qu'elle pouvait les contrôler à sa guise et leur libre arbitre est leur bien le plus précieux. Mais ils avaient tord, ils ne comprenaient pas... Elle avait besoin d'aide et elle savait qu'elle n'était pas la seule ici à avoir connaissance des sentiments, des couleurs de la vie. La petite Hana se trouvait ici d'ailleurs, en ce moment même. A cette fameuse gare où elle aimait tant voir passer les trains. Cela lui rappelait le temps qui s'écoulait. Elle avait peur, elle aussi. Elle aussi la fuirait sûrement si elle réveillait la Colère. C'était normal, Allu aussi avait peur. C'est pour ça qu'en entrant dans la gare, elle se mordit la lèvre. La petite Hana était perchée sur le toit d'une locomotive. Elle était là et c'était pour ça qu'elle se murmurait à elle-même : "Apaise-toi."