Nom : Lehmann Prénom : Ulrike Viktor Heike Pseudo : K-nine Âge : 26 ans Date de mort : 9 janvier (19 ans) Péché capital : Orgueil Métier : Chauffeur de taxi
So wouaf-wouaf ~
Deadly dog. Un chien, voilà ce qu'il est. D'aucun trouveraient cela avilissant, lui en est très fier. A quatre pattes, on court plus vite que sur deux, on saute plus haut, on a de meilleurs appuis, on a pas besoin de s'habiller, on a des crocs, des griffes, on est plus fort. K-nine aime être le chien, il ne considère par sa transformation comme un pouvoir mais comme une forme qui lui est aussi intrinsèque que celle, humanoïde, qu'il a parfois du mal à reprendre. C'est un husky, mais à part ça, un chien quelconque. Des yeux brun clair, comme sa forme humaine, et des poils roux et blancs qui rappellent ses cheveux et sa peau, très simplement, mais cette apparence passe-partout lui est bien utile. Allongé à un coin de rue ou sous la table d'un café, personne ne fait attention à lui. Lorsqu'il est le chien, comme il dit, il est le chien. Il n'est pas K-nine sous sa forme de chien, il est l'animal, avec son instinct, ses manières, ses réactions parfois primaires. Son travail de deadly dog ? C'est un détail. Un détail important, certes, mais ce n'est pas ce qui motive ses transformations. Disons que si il obtient ce qu'il cherche, c'est du bonus. K-nine aime un peu trop être chien. Il est un peu trop fréquemment sous cette forme. Se prend un peu trop au jeu. Parfois, lorsqu'il le reste trop longtemps, il oublie, quelques instants, qu'il est aussi K-nine, une personne. Plus il reste le chien longtemps, plus il trouve difficile de reprendre sa forme humaine. C'est un peu comme lorsque le réveil sonne et que l'on n'a pas envie de se lever, qu'on préfère se rendormir, "juste cinq minutes". Avec l'humain viennent les comptes à rendre, les obligations, le travail, les autres qui jugent... Il aime moins l'humain, et parfois il ne se lève pas, il reste le chien qui est peut-être plus lui que l'autre. Parfois même l'autre lui paraît étrangrt et il se demande si il n'est pas plus chien qu'homme. Mais un chien tout seul, ça ne sert à rien pour un Deadly-sin, alors il faut être humain aussi. C'est agaçant.
C'est un grand chien, même pour cette race. Le poil hirsute et emmêlé, toujours à courir et rouler partout, la langue sortie, à croire qu'il ne sait pas marcher. Pas un chien méchant, pas besoin des conseils du maître pour le savoir. Le chien joue, c'est pour ça qu'il aime l'être, que ce soit pour courir après les moineaux, les pigeons, aller léchouiller les gosses ou mendier des caresses à droite et à gauche, il n'a jamais besoin d'être agressif. Sa taille joue pour beaucoup, et ses dents qu'il exhibe sans y penser aussi, comme si le chien savait sourire. Il aimerait pouvoir être le chien dans le monde des vivants qui sont plus nombreux que les habitants de New-life, et parce que les sensations y sont plus fortes. Parce qu'il y a beaucoup d'enfants aussi, et le chien adore les enfants. Ceux qui jouent avec lui, ceux qui ont peur et qui se cachent, même ceux qui lui tirent les poils. Les rares enfants de New life, ce sont un peu ses chouchous. Si il n'y avait pas les Deadly Sins ce serait certainement eux dont il pourrait dire qu'ils sont ses maîtres, et ils les emmènent aussi volontiers promener sur son dos que K-nine promène les Players et autres dans son taxi. En fait, le chien aime tout le monde. Il ne juge pas, lui, il s'en fiche, ce n'est qu'un chien. K-nine aime cette simplicité dans le fait d'être un animal, aussi. Que ce soit au niveau des sentiments ou des priorités. Un animal n'a besoin que de se préoccuper de boire, manger et dormir. Quand il est repu et reposé, il n'a qu'à s'amuser et personne ne l'imaginerait faire autre chose. Le chien se moque de savoir qui est Player, Deadly Sin ou Dark Wood, pour lui ce sont des gens, plus ou moins agréables avec lui et ceux qui ne sont pas agréables, il ne va pas vers eux, voilà tout. Il est facile de se faire apprécier de lui, il suffit de le nourrir ou de lui accorder un peu d'attention. Une fois redevenu K-nine, c'est autre chose. Le chien, c'est à la fois lui-même et son échappatoire, parce que si sa condition de deadly dog a ses avantages, elle est loin de lui être toujours supportable, alors être le chien c'est un moyen comme un autre d'oublier. Certains se collent devant la télé ou une aiguille dans le bras, lui il est chien, voilà. Et ce qui est fait, ce qui est quand c'est le chien, c'est avec le chien, seulement lui. Et un peu aussi avec son maître.
Puce électronique
Surnom : Emile Découverte du forum : Dette éternelle Un avis sur le forum : Ben oui. Premier mot qui te vient à l'esprit : Velu. Si je te disawesome : Je réponds poussin. Un mot pour la fin : Faim.
Physique
Il n'y a pas que quand il est le chien que K-nine est grand. Sous forme humaine, il fait un peu plus deux mètres le matin, un peu moins le soir. On perd quelques centimètres dans la journée, les vertèbres qui se tassent, il paraît, mais il n'empêche qu'il avoisine les deux mètres. Grand, longiligne, des articulations noueuses et des os saillants, sec et nerveux, c'est ce qu'on peut dire de son apparence globale. Il est musclé mais n'en a pas l'air, ressemble à un de ces grands adolescents mal dans leur peau qui mettent des vêtements trop amples pour cacher leur corps. Ce n'est pas le cas, mais il donne souvent l'impression de ne pas savoir quoi faire de sa grande carcasse, reste difficilement en place, trifouille sans cesse ses doigts lorsqu'il ne bouge pas. Les doigts de ses grandes mains blanches. Elles fascinent beaucoup de monde, ses mains, tout comme ses pieds d'ailleurs, chacun possédant de longs doigts maigres qui les font ressembler à des araignées ou autres créatures peu rassurantes aux membres effilés. On pourrait dire que lui-même ressemble à une araignée avec ses grands bras sans cesse pliés pour rentrer dans ses poches et sa manie de replier ses jambes contre lui quand il est mal à l'aise. En cela, il ne ressemble pas au chien.
Ce qu'il garde de lui, c'est sa crinière rousse emmêlée et ses yeux jaunâtres. Brun clair et un peu vert, quand on y regarde de près, mais ils paraissent plus souvent jaunes. Il lui reste ses dents, ses canines pointues qu'il doit à des dents de lait mal tombées, pas encore tombée pour l'une d'entre elle, coincée sous la nouvelle sans plus pouvoir se décrocher. Il a l'air sauvage comme ça, et il aime bien ça. Il sourit souvent, ouvre la bouche, montre les dents. Réflexe peut-être, il n'a pas l'air d'y faire attention, ça a l'air de lui plaire aussi. Beaucoup plus que les crins en bataille en tous cas. Cela fait des années qu'il se bat plus ou moins contre eux, avec plus ou moins de succès aussi. Il a essayé les dreads, les cheveux rasés, tressés mais rien ne semble vouloir leur donner une apparence maîtrisée alors depuis sa mort il les laisse tels quels. Au milieu des gens aux allures étranges qui errent sur New life, même avec sa tignasse folle, il passe inaperçu. De son vivant c'était différent car, outre son apparence déjà assez atypique, il porte des piercings assez peu discrets autour de la bouche, notamment une pointe au menton dont il aime dire qu'elle est son cinquième croc. Ici il a presque l'air quelconque.
Caractère
(Ouais je mets les affreux lecteurs grooveshark et j'ai pas honte)
"Si t'aimes pas Alice Cooper, c'tant pis pour ta gueule."
A part être le chien, il y a autre chose que K-nine aime particulièrement, c'est son travail de chauffeur de taxi. Les plus sympathiques diront qu'il y met un peu trop de coeur, les moins indulgents qu'une fois posé le cul devant le volant, il est insupportable. Son siège en cuir noir, c'est son trône. Quand on est un gentil chien, on la ramène pas. On a beau être fier comme un paon et détester se plier aux ordres des autres et à l'ordre tout court, face aux maîtres on la ferme, c'est tout. C'est question de survie. Sans être hypocrite ni faux, K-nine la ferme face à son Sin, comme il dit, tout simplement parce que c'est dans son caractère. Râler pour tout, pester, montrer du doigt, interpeller d'un trottoir à l'autre, envoyer chier pour un rien et rire des autres sans s'en cacher, oui, bien sûr, mais se rebeller pour de vrai, non. Il ne s'écrase pas, il obéit, parce que c'est un chien de meute et qu'il a besoin d'avoir un chef, c'est pour cela que c'est un deadly dog, aussi. Il sait où est sa place. Cela lui convient très bien, il a toujours su trouver de bons côtés à son rôle. Peu de soucis, pas besoin de réfléchir et moins de chances de finir effacé que les players. Que du bon, en somme.
"Ouais c'est à sens unique mais j'te jure y'a jamais personne qu'arrive en face. J'te jure j't'ai dit."
Il a besoin de cracher sur les petites interdictions pour continuer à se croire libre. Bien sûr, il sait que c'est faux, qu'ici personne n'est libre, mais il sait aussi que ça fait du bien de le croire. Lorsqu'il était en vie, sa vie n'était dédiée qu'à ça : s'imaginer libre. Avec des potes ils ont retapé un camion pour traverser l'Eurasie de Munich à Pékin. Finalement ils ne l'ont jamais fait, ce voyage. Il se berçait avec Jack Kerouac et Jon Krakauer, parfois aussi Jules Vernes, parce qu'on ne crache pas sur les classiques. Maintenant il conduit sa bagnole dans une ville perdue au Japon au delà de laquelle il ne peut aller. C'est frustrant. Terriblement frustrant. Et en même temps, il n'a jamais arpenté autant de territoire, en voiture, à pieds, à pattes... De son vivant, il voyageait depuis sa chambre. Au mieux traversait la rue pour aller s'acheter de quoi grignoter quand le frigo avait été pillé. Savoir que le monde était juste là, dehors, qu'il était libre de sortir lui suffisait. Et maintenant. Maintenant...
"S'tu veux être à l'heure, va falloir y aller à contresens."
Être à l'heure, ça a toujours été le dernier de ses soucis, et ça l'est toujours. Les Sins s'en plaignent, peut-être qu'un jour il se fera effacer à cause de ça. Pas de grosses erreurs, mais une accumulation de petites choses désagréables, de défauts qui seraient faciles à supprimer. De petites fissures qui l'empêchent d'être "bien" ou même "convenable". On dirait de lui qu'il est passable, voilà tout. Il fait bien son travail de chien-chien, rapporte tout à ses maîtres. Quand bien même il s'attache facilement aux players comme aux autres, il n'a jamais manqué à sa tâche parce que malgré tout, il aime son Sin. Sans quelqu'un pour lui dire quoi faire, il serait perdue. Voyager seul, c'est bon pour les livres, pas pour lui. Il n'y a qu'en rêve qu'il s'aventure sans personne en terrain hostile. Depuis qu'il est mort, il a de quoi se raccrocher. Plus rien à espérer, certes, mais plus grand chose à perdre non plus, plus d'inconnu à affronter. Si il fait bien son travail, cela n'empirera pas, voilà tout ce qu'il y a à espérer et souvent, cela lui suffit.
"Tu flippes si tu veux mais tu pisses pas sur mes sièges, d'acc' ?"
On aura peut-être un accident. Au pire quoi ? Ici il ne peut rien arriver. Rien de grave en tous cas. Pas de raisons d'avoir peur. C'est le plus triste à son avis. Le skate, le roller, les parcours sur les toits, entre les containers du port Hambourg quand il avait créché chez Heidi, la fois où il avait fugué. C'était grisant de danger. On en ressortait couvert de bleus et d'écorchures, on puait la transpiration, on crachait ses poumons, mais on se sentait vivant. Ici tout était poli, lissé, les sensations perçues comme à travers un voile de coton. Et on ne risquait plus rien, ou presque. Alors pourquoi se préoccuper de sécurité ? New life le voyait encore plus amoché que dans sa vraie vie, parce qu'il fallait chercher les sensations plus loin. Se fracasser l'épaule pour se sentir se cogner, s'entailler pour se sentir écorché. Alors il se fracassait et il s'entaillait. Quand il était K-nine, quand il était le chien. Il courrait entre les voitures, faisait comme si il ne les voyait pas, sautait des distances trop grandes même pour les bonds que lui permettait le chien, ne mettait plus de protections quand il faisait du skate, s'essayait à des figures un peu trop périlleuses. Se vautrer ça fait mal, mais ça fait du bien.
"Tu vois, on a pas eu d'pépin. J'te l'avais juré d't'façons."
Il n'était pas maso, pas du tout. Sa maladresse lui avait bien suffit dans sa vie, sa vraie, c'était juste qu'ici ça ne suffisait plus.
"Oublie pas d'payer hein !"
C'est Dirty Vegas qui bouffe ses oreilles maintenant. Mettre la musique trop fort pour l'habitacle, ça fait du bien aussi, et ça fait chier les gens. La plupart. Et ceux que ça fait pas chier, ce sont ses potes. Ils sont choux. Et ceux que ça emmerdent pas et qui aiment sa bagnole, alors là, ce sont ses chéris. Parce que la voiture, elle est belle. Elle est belle pour lui. Toute rouge, toute lisse, comme la peau d'une cerise. Ses sièges sont en cuir. Ils sentent plus le cuir bien sûr, mais ils sont tellement cuir qu'on peut encore l'imaginer, l'odeur. Parfois il la parfume, il utilise des parfums chers pour ça. Du Chanel. Égoïste. Un parfum pour homme qui sent pas le parfum pour homme, ça lui va bien, à son avis. Oui, parfois ça sent le parfum dans la bagnole. La fumée de tabac, parce que ça ne dérange pas qu'ils fument. Parfois la fumée d'autre chose, le parfum des nanas, la cannelle, les bonbons, le brûlé, l'iode et le sel... La seule chose que cela ne sent jamais, c'est le chien.
Histoire
Un extérieur, un intérieur et ce qui traverse les deux. L'aiguille transperçait sa peau avec maladresse, cousait sans savoir coudre. N'importe qui d'autre aurait été plus habile que lui pour ce petit exercice, n'importe qui aurait été mieux placé aussi car les élans douloureux causés par le passage du métal dans sa chair n'allaient pas en ménageant sa concentration. Il n'avait pas la moindre idée de la façon dont il avait réussi à s'entailler de la sorte, il s'était juste méchamment gamelé tout à l'heure, mais sur le coup il n'avait pas fait attention. A chaud, on sentait moins bien l'intensité des coups, la vraie douleur venait après, et là bon Dieu, c'en était, de la vraie douleur. Sa lèvre inférieure gouttait sur le bitume d'être trop mordue. Putain que ça douillait. Ce n'était pas la première fois qu'il se blessait et ce ne serait bien évidemment pas la dernière. Cette pensée n'avait rien de fataliste, n'avait jamais réussi à l'abattre comme certains mecs avec qui il traînait après les cours. Skate, rollers ou vélo, ils adoraient ça, glisser parmi les embûches des environnements urbain. Essayer, du moins, essayer encore et il n'y avait que la chute, inéluctable, qui les arrêtait. Certaines étaient simplement plus douloureuses que d'autres et celle là en faisait partie.
Il s'en souvenait très bien.
Il aurait voulu avoir aussi mal aujourd'hui.
Non.
Il aurait voulu pouvoir avoir aussi mal.
"Il est hors de question que quiconque foute cette merde sur mon toit !"
C'est pas réglementaire qu'il dit. Mais qu'il aille se faire foutre ! Sérieusement, est-ce que y'a un autre péquin dans cette foutue ville qui a une Lamborghini espada de 1968 ? Rouge ?! Nan mais je veux bien la faire partager, déjà, je veux bien conduire les gens et leur laisser une petite place toute chaude sur ma banquette en cuir que j'entretiens genre toutes les semaines. Chauffeur ça veut bien dire c'que ça dit. J'suis pas un salaud. Je dirais même que j'ai un grand cœur, y'a pas des masses de villes qui peuvent se targuer d'avoir un taxi pareil et certainement pas de villes de macchabées. Mais ça ! Ça voilà, CA c'est SALAUD ! Qu'on veuille me foutre cette saloperie de ridicule morceau de plastique clignotant sur le toit, c'est juste... non ! Y'a aucun respect pour moi, pour mon honneur, pour ma bagnole, pour l'industrie automobile ni même pour l'art et la joaillerie. Parce que c'est un bijou putain, c'est pas une vieille charrette de merde avec des banquette en simili cuir où tu peux péter à l'aise, c'est MA bagnole. Il est au courant que j'ai du la faire venir d'Angleterre par la poste en pièce détachées ? Il est au courant ? Non parce que si ça continue j'vais lui faire rentrer c't'info dans l'crâne avec un tire-bouchon.
Il pisserait le sang.
Il aurait la tête d'un zombie trop frais.
Et lui beau, avec son tire-bouchon. Ou avec une tronçonneuse. Ou... Oh, cela n'avait pas d'importance en fin de compte, il aurait été beau avec n'importe quelle arme. Il était beau avec n'importe quoi, ou au moins se trouvait beau avec n'importe quoi et on ne l'avait que rarement démenti. Les filles ou les gars, il n'avait eu l'air de dégoûter personne, c'était sans doute ça qui l'avait maintenu en vie aussi longtemps, le besoin maladif de se sentir au dessus des autres, peu importait par quoi. Il pouvait les mépriser quand on lui disait qu'il était beau puisqu'il était beau. Eux aurait toujours de défauts alors que lui, dans ses moments là, était parfait parce que beau, puissant parce que beau, vivant parce que beau.
Il était mort.
Il était un chien.
Était-il toujours beau ?
Il ne supporterait pas d'être laid.
C'est tellement laid. Ce que c'est laid. Bon, faut que j'arrête de bugger là dessus, on dirait une vieille qui découvre que Michel-Ange à la chapelle Sixtine, c'est pas de la peinture d'enfant d'coeur. Genre les ecclésiastiques ils ont râlé parce qu'on voyait le paquet de Jonas mais alors le démon qui tire un mec par les boules, pas de soucis. On s'en fout c'est l'enfer, hein. Bah moi j'dis, j'aime mieux me les faire couper que rester ici, avec cette merde Toy's'rus sur le toit (placement de produit), parce que ça, ici, c'est l'enfer. J'dis pas que ma vie d'avant était carrément mieux, mais j'sais pas, au moins la mort ça voulait dire quelque chose. 'fin non, ça voulait dire rien du tout, au pire une vague notion abstraite, mais ça avait de l'importance, c'est ça que je veux dire, ici y'a plus rien qui compte j'ai l'impression. J'suis arrivé y'a pas longtemps remarque. P'têtre que y'a d'autres systèmes de valeurs. Moi j'ai toujours dans mon intelligence et dans les sandwichs sous vide, c'est peut-être pour ça qu'j'en suis là finalement. Aha. C'est drôle non ? Non ? Putain y dort ! J'y crois pas, y dort le mec. Ça fait bien un quart d'heure que je cause et v'là qui s'endort et moi j'ai rien vu. Rah putain, il va baver sur le dossier ce porc. Faut s'arrêter. Dans le genre maintenant.
Maintenant.
Il était chauffeur de taxi, il possédait un bijou rouge vif que tout le monde connaissait ou finirait par connaître. Un signe extérieur de classe. Un orgueil à la carrosserie rutilante. Rouge comme une goutte de sang qui s'écrase sur le bitume, un moteur qui vrombit, qui chauffe qui renâcle comme un gosse qui court et qui saute sur un toit, glisse le long d'une rampe, dont la chute sonne d'une claquement aussi définitif que celui d'une portière qu'on referme. Jusqu'au tour suivant. Maintenant il vivait à travers sa voiture. Si accident il devait avoir, il y avait fort à parier pour que son corps brisé hurle comme il l'espérait. Pas comme il aurait du, maintenant il était mort, c'était différent, pas pareil, pas aussi beau, pas aussi vivant, il était mort.
Il était mort.
Maintenant il était mort.
Avant j'en avais rien à taper des bagnoles. J'en avais rien à taper de beaucoup de choses en fait, pour pas dire de tout. Dans les trucs que je lisais, y'avait des noms de voitures, parce que visiblement les mecs qui écrivaient ça les intéressait, moi je m'imaginais juste une voiture, voilà, style un peu ancien avec des ailerons métalliques et un capot rectangulaire, parce que c'était des vieilles voitures. Je crois. De toutes façons ça n'avait pas d'importance, j'en touchais ni les tôles ni la moquette, je restais dans mon lit et je tournais les pages après avoir léché mon doigts, et j'avais sur la langue le goût de la poussière qui reste sur les pages, qui s'incruste et qui les jaunit. Toutes les histoires finissaient par avoir le même goût, à la longue. J'aurais voulu qu'on continue à me les lire, comme quand j'étais p'tit, rien à faire, juste à imaginer, et pas ce goût de poussière dans la bouche. Avec lui, c'est moi que je sentais prendre la poussière. J'dirais pas que j'ai eu une vie heureuse mais j'ai eu une vie.... facile. Voilà. Troisième et dernier môme d'une fratrie, les parents fatiguent, en plus le p'tit dernier, t'as tout avant les autres. Bon, ça les emmerde, c'est clair, mais en même t'as toujours l'impression d'être à la bourre, on te prend pas au sérieux. Parfois c'est chiant. Souvent même. Mais au moins on te fout la paix. Paix. C'est ça.
Paix.
Est-ce qu'il avait trouvé la paix ?
C'était beaucoup dire.
Mais c'était mieux qu'avant.
Pour lui.
Pour sa paresse.
Pour son ego.
Moins de questions à poser.
Moins de réponses à chercher.
Pas de besoin de voir plus loin que le bout de son nez.
De son capot.
Quand j'tourne mon volant, j'ai l'impression que c'est érotique, presque. J'adore le faire tourner en gardant ma main à plat, comme une caresse. Une vie paisible, c'est ce à quoi tout le monde devrait aspirer, et moi j'm'abîmais la gueule à tout le temps m'croûter. En vélo, skate ou au foot, en faisant du roller ou en essayant d'escalader les toilettes du collège. On était la p'tite bande, on se connaissait depuis la primaire et on s'amusait bien. C'était cool. J'ai jamais trop été l'chef parce que bon, j'étais grand, j'ai toujours été grand et on se foutait pas mal de ma gueule pour ça donc direct, ça fait pas méga crédible, surtout que je me défendais pas trop quand j'étais tout seul. J'manquais p'têtre de charisme, j'sais pas. Non en fait j'avais la flemme, voilà, je savais que j'aurais très bien pu devenir chef, mais j'avais pas envie de me remuer parce que c'était trop d'efforts. Nan, j'me cherche pas d'excuse, c'est la vérité, ça a toujours été comme ça, partout. Je sais que j'avais les capacités pour faire plein de trucs, que je les ai toujours, pour faire des grandes choses, mais j'ai jamais rien branlé. De toutes façons, papa et maman ça a jamais eu l'air de les affoler. M'man m'a amené chez le psy, parce que même si j'étais avec les autres, j'avais pas l'air vraiment avec eux. Elle avait peur que je sois autiste ou un truc du genre. Finalement, j'ai fait les tests et apparemment j'ai un QI un peu au dessus de la moyenne, du coup ça m'a servi d'excuse tout au long de la scolarité, j'ai même pas eu besoin de me défendre. "C'est parce qu'il s'ennuie en cours, ce n'est pas de sa faute." Oh que oui, je me faisais chier. Tout a toujours été trop facile.
C'était facile de ne pas se poser de questions.
Et il n'y en avait pas à poser.
La mort était ainsi.
Elle ne changerait pas.
Elle ne changerait jamais.
C'est ma vie qui me faisait chier je crois, jamais rien qui changeait. Jamais eu besoin de travailler, trop de temps à perdre pour me poser trop de questions. J'en avais mal à la tête, j'croyais qu'elle allait exploser des fois tant que j'avais mal, et les médoc' ça faisait rien. J'm'auto-saoulais, j'arrivais pas à faire le vide comme on dit dans les magazines pour bonne femme, y'avait trop de trucs qui tourbillonnaient, sans réponse, sans que j'aille les demander parce qu'être intelligent ça me plaisait trop pour avouer que y'avait des choses que je savais pas. Tellement rien à branler. C'est vers le collège ouais, que je me suis dit que j'allais prendre ma vie en main. Rétrospectivement, je me dis que je devrais pas appeler ça comme ça. Disons plutôt que c'est là que j'ai décidé que j'allais m'occuper et la rendre plus... vivante. Ouais. Et rétrospectivement aussi, je devais pas être aussi intelligent que ça. Ma vie plus vivante.
Bah c'est gagné.
Dernière édition par K-nine le Ven 2 Mai - 16:28, édité 8 fois
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