Plic, ploc. Et voilà la pluie qui arrive tranquillement, venant recouvrir la ville de son manteau gris. C'est comme ça, il y a des jours où lorsque l'on se lève le ciel est déjà gris et il le sera probablement encore quand on ira se coucher. Il faut bien des jours de mauvais temps pour apprécier ceux ensoleillés, n'est-ce pas ? Hellios se tenait chez lui, dans un appartement assez chic mais tout à fait confortable qu'il avait pu trouver sans peine. La condition deeadly dogs lui permettait d'avoir ce genre de privilèges, mais en contrepartie il avait un travail du coté des vivants qu'il ne devait pas négliger. C'est ainsi qu'il était devenu écrivain, poursuivant à vrai dire sa carrière passée, sous un nouveau pseudonyme littéraire. C'est pourquoi, lorsqu'il ne chassait pas les hors-la-loi de New life, Hellios restait chez lui, les mains sur son clavier, essayant de trouver l'inspiration pour un de ses nouveaux romans policier, ''Paris noir''. L'intrigue aussi intéressante soit-elle était bien trop complexe pour être expliquée en quelques phrases, de ce fait je ne vous la révélerais pas. La pluie continuait de tomber. Inlassablement. Un soupire s'échappa des larges lèvres de l'écrivain, qui visage dans la paume regarda sa fenêtre humide.
Après un court instant il se leva, et alla se placer juste derrière la vitre, observant, tout en bas les petits pions qui couraient dans tous les sens. Les vivants comme les morts se cachaient derrière des parapluies et des capuches pour éviter d'être trempés. L'homme s'alluma une cigarette, d'une chaleur réconfortante. On sentait que l'automne approchait à grand pas. Expirant de la fumée il continuait d'observer, la femme blonde qui courait maladroitement sur ses talons, le gamin qui sautait dans les flaques, les adolescents qui trouvaient romantique de s'embrasser, tout mouillés par les larmes du ciel. Tout cela était affligeant, et son inspiration ne venait pas. Il jeta une regard à l'appartement qui, décidément, ne lui était d'aucun réconfort aujourd'hui. Il avait du mal à continuer son écriture, son enquête à propos d'Oscar piétinait et cela faisait quelques temps déjà qu'il n'avait pas coincé un mauvais utilisateur à dénoncer. Il fallait qu'il se change les idées, qu'il sorte. Cependant une balade au parc n'était pas franchement envisageable. Un musée ? Non, mieux. Le planétarium. Quoi de plus consolant que d'aller regarder les étoiles ? Hellios attrapa une de ses vieilles vestes en cuir et l'enfila par dessus son épais tee-shirt gris. Il enfila ses rangers, glissa son portable dans sa poche et n'oublia pas de récupérer ses clés qui attendaient sagement sur la petite table du salon. Quelques instant plus tard il était dehors.
Evidemment, j'avais oublié mon parapluie, si bien que lorsque j'arrivais au planétarium, mes cheveux étaient trempés. Je secouais la tête, vivement et passait une de mes larges mains sur mon crane, pour en décoller les mèches récalcitrantes. Je souriais à la dame de la caisse, bien que je haïssais son rouge à lèvre et la devinait affreusement agaçante. Je lui payais, elle me tendait mon ticket. Enfin je pouvais entrer. Ma première réaction fut de scruter les alentours, essayant dès le début d'estimer le nombre de personnes présentes et repérant les éventuels groupes scolaires qui me mettraient en rogne. Malgré le ciel gris, la chance était de mon coté, tout semblait calme et je n'entendais pas de cris d'enfants jusqu'ici. La pièce principale était une sorte de fourre tout qui montrait aux visiteurs tout ce qu'ils allaient pouvoir observer dans cet incroyable bâtiment. Personnellement je connaissais déjà les lieux et je savais où me rendre pour être tranquille et pouvoir me reposer.
Ainsi, je me diriges tranquillement vers la salle des constellations, regardant à droite et à gauche les installations, cherchant quelque chose de nouveau à me mettre sous la dents. Rien. Tant pis, j'entrais donc dans la salle, semblable à celle d'un cinéma, à quelques différences près. Les sièges étaient en cercles et s’apparentaient plus à des transat moelleux qu'à de véritable fauteuil. Et l'écran était circulaire, accroché au plafond. Je m’avançais donc tranquillement, vers un coin inoccupé et quittant ma veste que je posais à mes pieds, je m'installais sur le fauteuil, observant les étoiles. J’espérais sincèrement que le commentaire explicatif ne serait pas pour tout de suite, un homme replet avec une voix nasillarde, qui explique les constellations, tout cela ne m’intéressait pas. Je préférais le silence et les petits chuchotements discrets des personnes respectueuses. Là, j'étais bien mieux comme ça.
Les étoiles. Vous ne trouvez pas que c’est beau ? Ces petites tâches brillantes qui donne de la couleur au ciel, ces petites paillettes jaunes sur ce fond bleu. C’est magnifique. Elles donnent de la vie à la nuit, ce qui est plutôt rare dans certain quartier de New Life qui peuvent être déserts. Mais c’est étoiles offre tellement de choses à ces rues : De la joie, de la passion et de l’amour ! S’embrasser sous les étoiles n’est-il pas merveilleux ?
Ce n’est qu’un rêve d’adolescente mais j’en suis une après tout. J’ai quinze ans. Il faut que je profite de la vie, même si c’est dans un autre monde. Je ne suis pas là pour rien, peut-être pour accomplir une mission ! Ou alors c’est juste le monsieur d’en haut qui me laisse une nouvelle chance. Il me laisse finir ma vie le plus normalement possible. De toute façon, je n’aurais pas tenu très longtemps chez ma “mère” J’aurais surement pété un câble et peut-être fuguer.
Ce matin, je me réveille doucement à dix heures. Je me lève sans précipitation et je mange un bout de pain. Je n’ai pas très faim. Je me recouche directement après. La fatigue m’envahit peu à peu pour me rendormir sous ma couette. Il fait moche, le ciel est gris, il manquerait plus qu’il pleut. Mes paupières se ferment petit à petit jusqu’à ce que je me plonge dans un sommeil profond et commencer à faire un rêve.
D’ailleurs ce rêve fut mouvementé. C’était un peu flou, mais je pouvais voir un château de carte. Au sens propre. C’était un château de princesse qui était fait avec des cartes. Je marchais et je visitais ce château. J’avais un sourire d’enfant. En même temps, ce rêve n’est rien d’autre que celui d’une gamine inoffensive. J’aurais bien voulu en avoir un, de château. Un petit château en plastique où j’aurais pu bouger un prince, une princesse, un roi et une reine. J’aurais organisé un grand mariage. Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants.
A mon réveille, quand ce rêve fut fini, il pleut. Des gouttes tombent du ciel recouvert d’un nuage gris. De l’eau coule sur ma fenêtre. Pourquoi ? C’est mieux quand y a du soleil. Quand le plafond bleu est visible, comme ça on peut voir les étoiles la nuit. D’ailleurs, peut-on voir les étoiles à travers les nuages avec un télescope ? On peut bien voir la lune, pour quoi pas elles ? Il n’y a qu’un seul moyen pour découvrir la réponse à cette question. Planétarium.
Un mot, quatre syllabes, onze lettres : Planétarium.
Il est environ vingt heure. A votre avis, je peux y aller maintenant ? Je pense que oui, le temps du trajet il sera déjà vingt heure trente. Je prend mon parapluie noir et sors de chez moi, en fermant ma porte à clef. Je rase les murs pour éviter que les voitures m’éclabousse. Je marche doucement pour éviter de glisser. Je fredonne une petite chansonnette pour “m’occuper” le long du trajet.
Une fois arrivé là bas, je ferme mon parapluie, et le pose à l’entrée. C’est ce que m’a dit la dame au rouge à lèvre immonde. Je monte et je vois des chaises en cercle. Au dessus de ces fauteuils, un grand rond où l’on peut voir les étoiles. Je m’assoie sur une des chaises et regarde l’écran géant.
C’était donc vrai ! C’est magnifique. J’ai rarement vu quelque chose d’aussi beau. Je trouve ça tellement splendide que ces mots n’ont pas pu se retenir.
- Waou !
Il n’y avait personne dans la salle. Mise à part un grand homme. Je pense pas que ce petit bruit l’aura le gêner, si ?
La chance n'étais pas toujours de mon coté, comme pour tout le monde certains instant étaient plus avantageux que d'autres. Cela n'avait rien à voir avec le jour, la date, l'heure ou bien même le temps qu'il faisait dehors. Bien qu'on avait souvent l'impression que les jours de pluies étaient les plus affreux, ils avaient la même portion de malchance que les jours de beaux temps. Personnellement je n'avais jamais vraiment été versé dans ces histoires de karma, de chance, de superstition. J'aimais passer sous des échelles, enlacer des chats noirs et je faisais sécher mon parapluie ouvert dans ma salle de bain. Il m'était sûrement arrivé d'avoir brisé un miroir ou d'avoir marché dans une crotte de chien du pied droit, rien cependant ne m'était arrivé d’extrêmement malheureux. A part ma mort je veux dire. Oh évidemment, dis comme ça, ma théorie devient un peu plus fade, néanmoins j'y reste accroché. Il n'y a rien de tel, rien si ce n'est le hasard. Une vile roulette russe qui prend place dans notre vie sans même que l'on s'en rende compte. Chaque jour de plus est un coup tiré sans balle, quand une fatidique journée, on reçoit la véritable munition en pleine tempe. Une détonation forte, peut-être un cri, un choc en tout cas. Puis on est plus. Plus vivant, plus vraiment là. On nous enterre, on nous pleure, on nous soupire. Et nous pauvres âmes en peine on se retrouve dans un monde de morts-vivants, appelé New Life.
Et dans ce monde chance et malchance fonctionnait de la même manière que celui d'avant. D'abord, un espoir. J'aimerais qu'il reste la taille M de ce tee-shirt en solde, tout comme j'aimerais être employé ici, ou qu'on m'offre tel cadeau pour mon anniversaire. Et ce qu'on appelle malchance est tout simplement la non réalisation de nos espoirs. Et si on fini alors sans tee-shirt soldé, sans emploi et avec un mauvais cadeau d'anniversaire on blâmera la malchance. Parfois même le karma. Les mauvaises actions que vous avez réalisées produisent un retour de flamme. Tu as pris la place d'une vieille dans le bus ? Bam ! Il n'y aura plus ton goût favoris de dentifrice au magasin. De quoi me faire sourire, ou rire, tant c'était absurde. Cela dit, parfois, pour m’accommoder au commun des mortels, ou des décédés, je me laissais porter par cette idée de malchance. Et il est vrai que c'était agréable de se dire que ce qu'on vivait était purement injuste puisque du à la malchance. Ainsi quand un guide à la voix nasillarde fit une présentation, je jurais que j'allais tabasser cette malchance, un jour. Juste pour lui faire du mal et qu'elle arrête de me poursuivre. Hypothétiquement parlant.
Le guide, ou plutôt commentateur entama alors son discours, décrivant chaque constellation, donnant des anecdotes que lui pensait amusantes et ricanant tout seul dans son pauvre micro. Durant la séance, qui durait près d'une demi-heure, un bébé pleura pendant au moins dix bonnes minutes. Hellios ne pouvait réprimer ses soupirs agacés, si il détestait les commentateurs il détestait d'autant plus les gosses. Il y avait un age où ils étaient mignon, vers un an ou deux, mais avant et après c'était du n'importe quoi. Ça hurlait, piaillait, bavait, chouinait. Ainsi, même si il avait survécu et même si il avait été hétérosexuel, jamais au grand jamais il n'aurait eu d'enfants. Il ne pouvait tout simplement pas. Rien chez eux n'était agréable. Lui qui était venu ici pour se détendre se sentais trahis par les étoiles et leur promesses de sérénités. Le calvaire continua jusqu'à une flopée d'applaudissements. De grands bavardages se firent entendre ça et là puis chacun sortis de la salle, tous sauf Hellios. Lui continuait de regarder les astres, pensant à tout et rien.
Une dizaine de minutes plus tard la porte s'ouvrit à nouveau, il retint son souffle, mais non il semblait que ce n'était qu'une personne. Il avait eu peur, un moment donné, qu'il s'agisse d'un groupe, ou de bavards, cherchant un coin pour discuter. Il entendit distinctement le bruit de l'affalement dans le sofa, puis une exclamation admirative. Le jeune homme ne retint pas un sourire amusé, la voix était fluette, comme celle d'une gamine, voir d'une adolescente. Sans qu'il ne sache trop pourquoi, il se fit curieux. Se redressant il tourna la tête vers le centre de la pièce apercevant la gamine. Assis, ses mains agrippant sa veste il finit par parler, d'une voix claire mais grave, amusée.
J'avais la tête en l'aire, la tête dans les aires, je suis tête en l'aire. J'oublie souvent ce qu'on me dit de faire et je commence à faire autre choses. Dans les pires des cas, je fais le contraire de ce qu'on me dit. Après, si on me dit de nettoyer la table, je vais pas la salir; je ne suis pas bête à ce point. Pour moi ce serait plutôt : " On se retrouve à quinze heures ?" et d'arriver à quatorze heures ou seize heures. C'est plutôt idiot de dire ça parce que je n'arrive pratiquement jamais en retard ou en avance. Je n'aime pas être en retard, je trouve que c'est un manque de respect envers la personne qui t'attend depuis je ne sais pas combien de temps. J'arrive toujours à l'heure pile. C'est donc un mauvais exemple.
Voilà le bon exemple : " Pour demain, faites l'exercice numéro deux page vingt-quatre !" Pas de problème madame, je vous fait l'exercice dix pages quarante-deux !
Enfin, ça c'est peut-être parce que je suis sourde... A vérifier.
Trêve de mondanité, rentrons dans le cœur du sujet.
Je regarde l'écran géant qui était au dessus de ma tête. Il montre des petites paillettes qui brillent de mille feu. Les enfants croient que c'est juste des minuscules points jaunes avec cinq pointes et que ça tournent dans le ciel alors qu'en faite c'est une énorme boule de feu ! Elles sont encore plus grosse que ... Elles sont immenses !
Il y a cinq minutes, on entendait les gouttes qui tapaient contre les vitres, maintenant elles se calment. Le rythme qui était interminable et presque agressif de l'eau s'arrête petit à petit. C'est mieux comme ça. La pluie c'est drôle quand on regarde les passants de la fenêtre de sa chambre avec un bon chocolat-chaud et une couverture sur le dos en rigolant parce qu'un enfant de six ans vient de se manger le sol. Ça c'est mon petit côté diabolique qui ressort !
L'homme, qui doit avoir trente ans environ, se redresse. Je ne le voit pas très bien, en même temps nous sommes dans le noir je ne vois que sa silhouette. Mais je peux de temps en temps voir son visage avec une petite lumière qui éclaire son visage. Il n'a pas l'aire méchant.
Il me dit d'une voix amusé, grave, claire et en tenant sa veste de ses deux mains :
- Et ben, gamine, on a jamais vu les étoiles ?
Hey ! En quoi c'est drôle ? Je suis jamais allée dans un planétarium de ma vie, c'est la première fois. J'ai déjà vu des étoiles mais pas de cette manière et encore moins avec ses moyens là. Moi les étoiles je les regardais de ma chambre, d'abord.
- Pas d'aussi près !
J'avais encore les yeux étincellent. Ils brillent. Comme elles.